ALPHI T10 GRAND PRIX. EX-SERGE POZZOLI [Vendu]

Vends Alphi Grand Prix Ex Serge Pozzoli de 1929.

Je suis fier de vous présenter cette voiture Grand Prix : l’Alphi T10 de 1929. Il s’agit d’une voiture de course unique, car un seul exemplaire a été construit et existe encore. L’Alphi était un modèle très avancé pour l’époque et, en raison de ses coûts de développement et de construction élevés, elle était trois fois plus chère qu’une Bugatti T35 en 1929.

Mais commençons par un peu d’histoire sur la marque Alphi. A.L.P.H.I. est en fait une abréviation désignant les fondateurs : Automobiles du Luart, Poniatowski, Hougardy, Ingénieurs. Ils voulaient construire des voitures sur mesure très exclusives pour de riches amateurs de voitures dans leurs ateliers à Paris – un peu comme de la haute couture pour des voitures.
Pour faire connaître son nom, la première Alphi a été construite en 1928 et a participé aux 24 heures du Mans la même année. La voiture est équipée d’un moteur six cylindres CIME de 1,5 litre développant environ 50 chevaux. Malheureusement, ils ont dû abandonner après 44 tours, et cette voiture du Mans a immédiatement disparu et n’a jamais été revue. Entre-temps, on envisage de construire une véritable voiture de Grand Prix, pour participer au Grand Prix de France 1929. C’est ainsi qu’est née cette T10 Grand Prix, dont nous reparlerons plus tard. La première voiture pour la route fut ensuite achevée en 1930. Il s’agissait d’un cabriolet 4 places à la carrosserie très élégante, équipé d’un moteur six cylindres Continental américain de 2600 cm3. Cette Alphi n° 3 fut également découverte par Serge Pozzoli en 1959 et se retrouva dans son impressionnante collection. Enfin, une quatrième voiture a été fabriquée, un grand cabriolet à quatre places dans le style des Blower Bentley, équipé d’un gros moteur huit cylindres de 5,0 litres, également de marque Continental. Aucune trace de cette voiture n’a été retrouvée. Cette quatrième voiture a également marqué la fin immédiate de la marque Alphi, car le krach boursier de 1929 et la crise financière qui s’ensuivit ont réduit au minimum le marché cible pour ces voitures personnalisées et extrêmement coûteuses, et la production s’est arrêtée ici avec un total de quatre voitures construites.

Cela nous ramène à Serge Pozzoli, sans doute le plus légendaire des collectionneurs français, également propriétaire du « Musée du Gérier » et fondateur du magazine « L’album du fanatique de l’automobile » (qui présentait fièrement cette Alphi T10 Grand Prix en première page de son premier numéro). Serge Pozzoli voit pour la première fois l’Alphi T10 en vente en 1931 à la Porte de Vincennes à Paris, mais n’a alors pas les moyens financiers d’acheter la voiture dont il est tombé amoureux. Après la guerre, en 1947, il revoit la voiture en vente et la rate de peu, ce qui lui cause beaucoup de frustration. En 1961, un ami lui signale que la voiture se trouve dans un garage à Saint-Brieuc. Il parvient enfin à acheter l’Alphi et à la remettre en état de marche. La voiture se retrouve au Musée du Gérier et reste la voiture préférée de Serge Pozzoli jusqu’à sa mort en 1992. En 1994, l’ensemble de la collection est vendue aux enchères par Artcurial, et l’Alphi entre dans plusieurs collections importantes.

Il y a quelques années, nous avons découvert cette voiture comme pièce de musée statique. Le moteur ne fonctionnait pas, les freins étaient bloqués et l’embrayage avait été démonté. Comme il s’agit d’une voiture historiquement très importante, nous nous sommes alors lancés dans une révision technique de près de trois ans, avec un moteur et un compresseur Cozette entièrement révisés. Un embrayage sur mesure a également été construit et la conduite a été sérieusement prise en charge. L’Alphi est aujourd’hui de nouveau entièrement pilotable, et quel plaisir ! Le six cylindres émet un son magnifique et, grâce au compresseur Cozette nouvellement construit, le moteur CIME délivre environ 75 ch, ce qui est assez impressionnant pour une voiture âgée de près de 100 ans. L’Alphi a une superbe tenue de route et est très stable, même à grande vitesse. La suspension est également très sophistiquée, avec des ressorts à lames à l’avant qui sont intégrés dans le châssis plutôt qu’en dessous. Cela permet d’obtenir un centre de gravité très bas et donc une excellente tenue de route. Les freins de grande taille offrent une bonne puissance de freinage et la direction est précise et directe.

La voiture est très bien documentée avec des photos et des articles d’époque, et les magazines très recherchés « Le fanatique de l’automobile » sont également présents (y compris le numéro 1 avec cette Alphi en première page). Toutes les factures de restauration sont dans le dossier, ainsi qu’une liste de tous les propriétaires précédents. L’Alphi est accompagné d’une carte grise française et d’un passeport FIVA. Il s’agit d’un véritable objet de collection et d’un candidat idéal pour participer aux événements les plus prestigieux du monde tels que le Concorso Villa d’Este, le Chantilly Arts & Elegance ou le Pebble Beach Concours. Un retour sur les circuits n’est pas non plus exclu pour cette voiture de Grand Prix techniquement très avancée.

C’est une expression qui est souvent utilisée dans un mauvais contexte, mais dans ce cas, il s’agit vraiment d’une occasion unique pour un musée ou un collectionneur d’acquérir cette glorieuse voiture unique et de l’ajouter à leur collection. Ce n’était pas la voiture préférée du regretté Serge Pozzoli pour rien…..